Rencontre fruitée. (pv Artemis)

- Bon, j'en ai marre, on arrête de tourner en rond.
- C'est pourtant simple ! En entrant dans la forêt, on a dit "tout droit" !
- Mais comment tu veux aller tout droit quand il y a un bambou tous les deux mètres ??
- Euh....

Le petit Qu'un-Oeil, le sorcier, râla un coup avant de s'asseoir sur un rocher, croisant les bras dans une bouille presque comique. Je soupirai et me plantai face à lui, avec un regard réprobateur.

- Allez, bouge toi, on est pas encore arrivés !...
- Oh, des abricots !!

Le petit sorcier rabougri bondit sur ses pieds et courut dans la direction d'un abricotier bien chargé, au sommet d'une petite colline déboisée.

- Eh ! Je croyais que t'étais fatigué !!...
- Va te faire !

Je lâchai un gros soupir et me lançai à sa suite, suivit par Corbeau l'assassin. Ce dernier n'avait rien dit, mais à ses yeux durs, je devinai qu'il se retenait d'étriper le petit xélor fripé. Celui-ci s'était arrêté sous l'arbre et commençait à boulotter des fruits.

- Tu devrais les goûter, ils sont super !!...
- Nan merci, tu sais bien que les abricots ne sont pas mes fruits préférés...

Le petit sorcier rabougri brandit un fruit bien mûr sous mon nez.

- Goûte, j'te dis !!...

Il était si insistant que je pris l'abricot et mordit dedans, un peu curieux. J'ouvris des yeux ronds. Il était délicieux. J'ouvris la bouche pour dire quelque chose lorsque nous entendîmes des bruits de pas. Le sorcier blanchit d'un coup.
Evidemment, c'était une propriété privée !! Je chuchotai rapidement :"Je ne veux pas d'emmerdes avec es locaux !! Tirez-vous vite, je vous couvre....Enfin, si je peux."

Le petit sorcier jeta le reste de ses fruits au sol et tourna les talons pour déguerpir, suivit de près par un Corbeau silencieux. Je me plaquai à l'arbre, tendu. Les bruits de pas s'étaient arrêtés. A la légèreté des pieds sur le sol, je devinai que c'était une femme. Une jeune femme, je dirais...
J'étais crispé, ma main serrée sur la poignée de mon épée. Avant d'écarquiller les yeux.

Des pleurs montèrent tout doucement.

Je me détendis immédiatement. Une voix entrecoupée de sanglots. Une voix claire et scintillante.
Je passais discrètement la tête pour regarder ladite jeune femme, le visage dans les mains, tremblant comme une feuille. C'était une toute jeune pandawa, au pelage brillant. Je sentis un instant ma vue se troubler. Comment de simples pleurs pouvaient me toucher comme ça ?.....Je sentais quelque chose de déchirant...

Je ne savais pas quoi faire. Je voulais...l'aider, mais je ne la connaissais absolument pas......Et si je l'effrayais ? Je me sentais....inutile.

Je décollais un peu, silencieusement, et dégrafa ma cape. Je vint me placer au-dessus de la pandawa et fit doucement tomber ma cape sur ses épaules, avant de demander d'une voix douce :

- Qu'est-ce qui ne va pas ?.....

J'espèrais avoir tout fait pour ne pas l'effrayer. C'était la dernière chose que je voulais, allez savoir pourquoi....

Je me reculai, un peu surpris et peiné par une telle réaction. Quoi, j'étais tellement repoussant ?.....J'étais presque pas recouvert de poussière et je m'étais rasé il y avait à peine six jours...
Je baissai un peu mes oreilles, dépité, avant de les redresser d'un coup en voyant comment la réaction de la pandalette tournait. Elle trembla violemment avant de s'effondrer au sol. J'étouffais un juron et m'accroupit très rapidement à côté d'elle.

- Putain, pas de l'épilepsie.....Pitié...

Je grognai et forçai la pandalette à ouvrir la bouche et y mit le manche de ma dague, pour éviter qu'elle avale sa langue. J'arrachai ensuite son haut pour qu'elle respire mieux, laissant quand même le tissu totalement libre sur les seins de la pandalette. Je rougirais de ça plus tard, mais pour le moment, je n'y pensais pas. J'avais autre chose à faire.

Je sortit un petit flacon de sa Havre-sacoche à une vitesse remarquable, prit une seringue, mit du produit dedans et en injecta une bonne dose dans le cou de la jeune femme.

Je lui caressais machinalement la main en priant toutes les entités célestes pour qu'elle survive.


Pourquoi fallait-il QU'ELLE fasse une crise d'épilepsie ?....pourquoi ELLE ?......

Je fus...comment dire.....stupéfait de cette réaction. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle tombe dans mes bras non plus, mais quand même....

J'ai essayé de faire des efforts ! J'ai essayé de l'approcher sans l'affoler....Et puis voilà qu'elle fait une crise d'épilepsie.....Manque de bol flagrant.......Bon, je pensais pas à ce qu'elle me soit éternellement reconnaissante, mais de là à dire ça !...
Je refoulais un peu ma colère et essaya de la persuader que je ne lui ferais aucun mal. Ses larmes me faisaient terriblement mal. je bafouillais, les oreilles inclinées :

- Mais....Je vous en prie, ne pensez pas ça...Je ne vous veux aucun mal !....je...je vous le jure !...

Pensant que le moindre contact de mes vêtements va l'affoler, j'enlevai mes gants à contrecœur. Ma main noire attira forcément l'attention, et je sentais que je n'allais pas passer à côté d'une demi-heure d'explications. J'enlevais délicatement la cape de ses épaules et la déposa plus loin, avant de frotter tout doucement ses bras.

- Vous avez eu une crise d'épilepsie.....Vous avez besoin de chaleur et de réconfort. Enfin, je veux dire.......Du repos, si vous préférez.

Je continuai à la réchauffer, essayant de ne pas la coller contre moi. Je ne voulais pas qu'elle croie que j'essaie de la toucher.....Mais je suis médecin ! Je fais mon boulot !....

Elle sembla se radoucir légèrement. Mes oreilles se redressèrent un peu, pendant qu'elle parlait d'une voix plus calme :

- Oh... je... je suis désolée. Je ne voulais pas vous faire de la peine. Mer... merci de m'avoir sauvée. J'ai.. j'ai eu très peur surtout... il m'est arrivée tellement de choses horribles dans ma vie... je suis un peu trop prudente maintenant.

J'imaginais toutes sortes de choses qui auraient pues lui arriver. J'imaginais ce qui l'avait rendu si "prudente"....et ne put réprimer un frisson.
Elle sembla frissonner, elle aussi, à la vue de ma main. Et voilà...j'en étais sûr...

- Vous... vous... vous êtes malade ?

Je cherchai mes mots un instant. Je finis par prononcer, terriblement mal-à-l'aise :

- On.....peut dire ça....Une bête histoire de malédiction....Je suis pas sûr que vous ayez réellement envie de l'entendre...


Je n'avais pas la moindre envie de l'effrayer avec mes histoires sordides. Elle était déjà bien assez chamboulée....
Je me rendis compte que j'avais honte. Honte de ma main. Honte de moi, même, me sentant terriblement ridicule auprès d'elle, sans que je sache pourquoi...J'avais l'impression d'être un gamin.
Je me secouai la tête et essaya de me reprendre. Je l'auscultais d'un oeil et d'une main experts en lui demandant d'une voix douce :

- Sinon, comment vous vous sentez ?...

- Heu... je... je vais bien merci. Mais... cette malédiction ? Vous n'avez pas de remède pour conjurer le sort ? Que se passe-t-il si vous la gardez trop longtemps ?


Je ne répondis pas pendant un assez long moment, pendant lequel je l'auscultais encore une fois. Je remarquais ses légers tremblements et soupirai en pressant un peu ses muscles pour les détendre. Je lui fis signe de s'allonger alors que je cherchais des trucs dans ma sacoche. Je finis par prononcer d'une voix un peu trop dure à mon goût :

- Ecoutez, je ne sais pas du tout ce que cette main est, je ne sais même pas si il s'agit d'une maladie, d'une malédiction ou même d'une illusion, en vérité...Tout ce que je sais, c'est que je l'ai hérité d'un vieux xélor à moitié timbré il y a des années, et que depuis ma main gauche ne m'appartient plus, est devenue noire, tout-ci tout-ça...Vous voyez, ça ?

Je lui montrais ma main d'un noir d'encre, un scalpel étincelant dans l'autre. Je posai ma main gauche sur le sol et abattit violemment la lame du scalpel dessus. Pas une goutte de sang, pas une coupure.

- Je ne ressens rien avec cette main, je ne sais pas du tout si elle va me tuer, me rendre fou -enfin, plus que je ne le suis déjà- me transformer en un démon des ténèbres ou autre atrocité baveuse. Je ne sais rien, alors par pitié ARRÊTEZ de poser des questions dessus !...

C'était un sujet qui me hérissait facilement. De plus, je ne voulais surtout pas l’inquiéter inutilement avec mes histoires morbides...Je ne lui avais pas tout dit, et c'était trèèès bien comme ça. Inutile de lui dire que cette main m'a fait devenir schizophrène et que je partage depuis mon cerveau avec un fou -ou une folle, j'en sais rien- qui me susurre des atrocités sans noms et qui m’insuffle des bouffées meurtrières.

Je lui parcourais les muscles abdominaux et les muscles des bras et des jambes de façon à les détendre efficacement. Je retirai finalement ma main noire de sa vue en la cachant dans ma cape, furieux contre...moi-même, et contre cette main, et contre ce Simetra.

Moi qui voulais discuter calmement avec elle...Pfff.....était-ce encore simplement possible ?...
Je repris d'une voix plus douce :

- Je m'appelle Artemis, Luppus. Puis-je avoir votre nom ?...

[HRP] : Pardonne-moi encore d'avoir mis si longtemps à répondre...J'étais en vacances...^^'

- Je... je m'appelle Abricotine. Abricotine Alarianne.

Ce nom résonna encore et encore dans mon esprit comme un chant de joie dans la grande salle des mines de la Moria aux grands piliers. Je me surpris à sourire en regardant un peu au-dessus de la tête de la pandawa. A chaque fois que je répétais le nom dans ma tête, une douce odeur d'abricot me chatouillait les narines. Illusion ou fait réel ? J'en sais rien, mais en tout cas, ça me mettait dans une grande joie sans que je puisse réellement l'expliquer.

Je me secouai légèrement la tête et reposa mes mains sur le sol. Je n'avais plus rien à faire de plus pour soigner le corps d'Abricotine. Je m'étais réfugié longuement dans ce prétexte pour la toucher, être prêt d'elle, pouvoir même lui parler. Maintenant que je n'avais plus cette excuse, je relevais timidement les yeux, plus en médecin, mais en eniripsa. Enfin, en homme, je me comprends, quoi.

Un long silence gêné s'installa, durant lequel le soleil pointa faiblement son nez à travers les nuages et nous réchauffa paresseusement. Je me résolut à poser la question qui me trottait dans la tête. Je lui pris doucement les mains, et en les serrant un peu, je questionnait d'une voix douce :

- Qu'est-ce qui se passait...quand je vous ai vue pleurer ?...

Je poussai un long soupir lorsque le silence clôtura son récit. Pourquoi fallait-il que les pires horreurs arrivent toujours à ceux/celles qui le méritent le moins ?...
Tout ce que je souhaitais quand je la regardais, c'est qu'elle soit heureuse. Le plus possible. Et la voilà effondrée, essayant de refouler sa tristesse le plus possible...Eniripsa, où sommes-nous, bon dieu ??...

Je lui serrai doucement les mains, puis, dans un élan incompréhensible, je passai mes bras autour de ses épaules et je la serrai doucement contre moi. Elle était juste un peu plus grande que moi. Sa fourrure incroyablement douce exhalait une odeur de fruit...Mais peu importe. Je voulais juste la réconforter, comme je pouvais.

- ...Ne vous inquiétez pas...il ne vous arrivera plus rien, je vous le promets, Abricotine.

Mais en ce qui concernait le fait qu'elle voulait partir...Non, je ne pouvais quand même pas la recruter dans la Compagnie. ça, hors de question. Elle serait détruite en moins de deux, psychologiquement et physiquement. Non, par contre.....Pouvais-je vraiment l'aider ? Je le voulais plus que tout, et ce sans savoir pourquoi. Que pouvais-je faire pour elle, à part la serrer dans mes bras ?

-...ça vous...dirait de visiter un peu l'île ? De me faire visiter, plutôt ? Je crois que vous avez besoin d'n peu de nouveaux horizons...